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les épis

Le temple de l’amour et ses vaines idoles,
Le rêve d’être libre, et de ne plus avoir
Le poids lourd des regrets, ni le joug du devoir,
Entraînaient le chrétien, hélas ! à sa ruine.
L’indifférence, ainsi qu’un voile de bruine,
Lui cachait Dieu. Sans peur, sans joie et sans remords,
Il allait à son tour dormir parmi les morts.
Mais soudain retentit la grande voix de Rome…
Elle n’insulte pas aux faiblesses de l’homme ;
Elle n’outrage point les tribunaux pervers
Qui jettent l’innocence et la foi dans les fers ;
Elle invite au banquet du Père de famille,
Les chrétiens de partout… car l’affamé fourmille.
Qu’ils viennent tous. Pour prix de leurs nobles efforts,
Le pain qu’ils mangeront les rendra doux et forts.

Et quel réveil ! La vie au soleil tourbillonne,
L’encens monte des bois, le clocher carillonne !…
Dans les chaumes d’opale et sur les noirs labours,
Ô les doux bercements des ailes de velours !
Les corsages d’azur ! le feu des pierreries !
Vous aimez, vous chantez, séculaires prairies !
Est-ce fête dans l’herbe ? Est-ce fête aux clochers ?
Les mousses, les lichens étoilent les rochers,