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à la « braierie »

Et sa bouche sourire à ces joyeux échos.
Sa tête s’inclina comme la fleur des clos.

Elle est bien en retard… Il faudra qu’elle essaie
De cacher son chagrin, et de paraître gaie.
Jean doit être là, Jean, son premier amoureux.
Nul, pour battre le lin, n’a son bras vigoureux.
Ah ! depuis la récolte, et depuis les foins même,
Il paraît l’oublier, tout en jurant qu’il l’aime !
Il semble jurer vrai, tant bien il se défend ;
Mais n’a-t-elle pas vu le regard triomphant
De la brune Pauline, une jeune rivale ?
Bien sûr, elle est venue…
Bien sûr, elle est venueEnfin elle dévale,
Accorte, plus légère, et d’un pas empressé,
Pour qu’on ne pense point que son cœur est blessé.
Et quand elle est en bas, courant sous les grands arbres
Sans feuilles, et jaunis comme sont des vieux marbres,
Les brayeurs, agitant des panaches de lin,
L’acclament. Puis, bientôt, comme un bruit de moulin
Les amers crissements des plantes que l’on broie,
Montent encor dans l’air où le soleil poudroie.

Simone aurait voulu ne pas venir si tard.
Non, ce n’est pas sa faute. Elle veut bien sa part