Page:LeMay - Les gouttelettes, sonnets, 1904.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
GRAINS DE PHILOSOPHIE



PLUS LOIN


Le Seigneur nous fait-il un destin anormal ?
Il nous faut le bonheur. Douloureuse merveille !
Nos pleurs noieront, demain, les rires de la veille,
Et plus d’un malheureux jalouse l’animal.

Sous le ciel printanier ou sous le ciel brumal,
Quand frissonne l’hiver, quand le printemps s’éveille,
Dans le vin de la coupe ou dans l’eau de la seille,
On cherche le bonheur, mais on le cherche mal.

Le vieillard incliné sur la glèbe flétrie
Regarde, épars et morts en son âme meurtrie,
Les rêves arrangés avec un si grand soin.

Et le jeune homme en vain, l’éclair dans la paupière,
Debout sur les sommets des collines de pierre,
Recule l’horizon… Le bonheur est plus loin.{