Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/106

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Ils longèrent souvent de verdoyants îlots,
Dont les pins orgueilleux et les riants bouleaux
Sur l’onde se penchaient. Et, sous le ciel sauvage,
Ils virent poindre enfin ce superbe rivage
Où se trouvait assis le bourg d’Hochelaga.
Et rapide et léger, le navire vogua.

À l’aspect imprévu du bateau qui s’avance
En déployant sa voile ainsi qu’une aile immense,
Les Indiens en foule accourent sur les bords,
Et laissent tous ensemble éclater leurs transports.
Jamais telle clameur ne fit trembler la rive.
Jamais ces cœurs naïfs d’une joie aussi vive,
Avant ce jour heureux, n’avaient été remplis.
Les oracles sacrés allaient être accomplis.

Un vieux jongleur avait, dans un étrange rêve,
Prédit que de la terre où le soleil se lève,
De blancs guerriers viendraient, avant de longs hivers,
Vaincre de la tribu les ennemis pervers.
Et c’étaient ces guerriers qu’on voyait apparaître !
Leurs fronts larges et blancs les faisaient reconnaître.

Mais le jour disparaît. Au fond du firmament
Les étoiles de feu scintillent doucement,