Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/179

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À ton cri de triomphe, à ton joyeux transport,
Tes compagnons tombés sourirent dans la mort,
Un rayon de soleil, comme un glaive dans l’ombre,
De l’aurore au couchant traversa le ciel sombre,
Et tu crus, un moment, que le droit l’emportait !

Mais Colborne étonné, rappelait, exhortait,
En brandissant le fer et l’outrage à la bouche,
Ses grenadiers en fuite. Et bientôt, plus farouche
Qu’un troupeau de bisons traqués par des chasseurs,
Le bataillon rompu des cruels agresseurs
S’arrête, se reforme. Il a fait volte-face.
L’élan est formidable. Il veut punir l’audace
De tous ces jeunes preux là-bas agenouillés
Qui pressent sur leurs cœurs leurs vieux mousquets rouillés !

Avec un bruit de grêle, un éclat de cymbales,
Les fenêtres alors s’émiettent sous les balles.
Et, sous la voûte, il court, du portique à l’autel,
Un souffle rude, un souffle ardent, un souffle tel
Que l’on dirait le vol des démons et des anges.
Et de profonds soupirs et des sanglots étranges
Des tombeaux enfouis sous les dalles de bois
Semblent monter. Ce sont alors, toutes ces voix,