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Londres ; le second, à Munich, Bavière ; le troisième, au Muséum de Berlin ; cet animal d’après son étrange conformation, ses vertèbres, sa queue de serpent, semblait appartenir au genre Struthionidæ : les écrivains les plus célèbres, Sir Richard Owen en tête, le classent maintenant parmi les oiseaux ; on en voit une bonne représentation au Museum Redpath, à Montréal.

Le professeur Marsh avait minutieusement examiné et comparé les trois spécimens. Sa théorie, ses lumineuses explications, parurent créer une vive impression sur les savants d’Europe réunis en ce mémorable sanhédrin, à York, au cinquantième anniversaire de l’association. Un disciple de Saint-Hubert présent fit la remarque qu’il aurait fallu plus que du plomb No 8 pour abattre un archæoptérix.

Redemandons aux géologues, le chasseur du passé, ses armes, ses leurres, ses caches, ses affûts…

La chasse, avant d’être pour l’homme un délassement, avait dû être une nécessité. Il fallait se vêtir, se nourrir, se protéger contre les animaux incommodes. Plongez votre regard, sur la mer des âges : voyez cet homme alerte, athlétique, ingambe, vêtu de peaux. Voyez-le s’élancer à travers les vastes plaines de l’Europe et de l’Amérique : il traque sans sourciller, sur les glaces et les neiges, le gros gibier, sans autre arme que son couteau de pierre assujetti à un long manche. La victime, il est vrai, n’a pas encore appris à se défier de l’homme. Seul, peut-être, il ne saurait la capturer ; mais réuni en bande, rien de plus facile pour lui que de cerner ces géants. Il leur creusera des fosses, qu’il masquera habilement ; ou il les refoulera dans l’angle d’un rocher ; ou il les fera se jeter d’effroi du haut d’un précipice ; il leur tendra enfin, comme le chasseur d’aujour-