Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/61

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dit Cassin — ça a lieu en automne, au temps où les oiseaux émigrent : mais son objet et son mode nous sont inconnus et font naître d’intéressantes conjectures : ça ne dure que peu de temps, autrement il serait impossible qu’un si grand nombre d’oiseaux de proie trouvassent de la pâture. C’est surtout, ajoute-t-il, dans le nord de l’Amérique septentrionale (dans le Canada, par exemple ?) que la famille accipitrine a de l’intérêt pour le voyageur et le naturaliste ; c’est là probablement qu’il existe plusieurs espèces inconnues. »

Nous ne dirons pas adieu à nos amis les Faucons, sans rappeler à nos lecteurs une des gracieuses fictions des poëtes de l’antiquité, où Ceyx, roi de Trachyne, raconte à Pélée l’histoire de son frère Daedalion, métamorphosé en Oiseau de proie. Écoutons Ovide :

« Vous croyez peut-être que cet Oiseau, qui vit de rapine, et répand la terreur parmi les autres habitants de l’air, a toujours porté des plumes ; il fut Homme autrefois, et, sous sa nouvelle forme, il a conservé son âme fière, toujours prête à la guerre et à la violence. Il se nommait Daedalion, et avait pour père, ainsi que moi, le dieu Lucifer, qui appelle l’aurore et sort le dernier de la voûte céleste. Autant je chéris la paix et les tranquilles plaisirs de la vie conjugale, autant mon frère était avide de combats. Hélas ! sa valeur belliqueuse, qui soumit les rois et les nations, n’est plus employée aujourd’hui qu’à poursuivre les timides colombes de la Thessalie. Il avait une fille, la belle Chioné, qui osa se placer au-dessus de Diane, et mépriser la beauté de la déesse. “Tu ne mépriseras pas ma puissance, s’écria Diane en courroux.” Elle dit, courbe son arc d’ivoire, et lance une flèche acérée qui va percer la langue téméraire de Chioné : celle-ci veut se plaindre ; mais la voix lui manque avec la parole, et sa vie s’échappe avec son sang. Ô pitié ! quelle fut ma douleur ! et quel-