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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/114

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AUTOUR DE LA MAISON

Ô jeux d’enfants, qui faisaient tinter tant de rires clairs ! Je revois encore la grande salle, le sofa où l’on se tassait comme des sardines, le petit pupitre où l’on se mettait pour écrire les lettres du jour de l’an. Entre deux fenêtres, une horloge à cadran doré marquait les heures.

Elle les marque encore dans une autre maison. Elle n’a pas changé, à peine a-t-elle vieilli au cours de ces longues années. Son tic-tac égal scande les secondes ; elle n’est pas usée, ou son usure ne paraît pas. Elle sonne, sonne les heures, et nous vieillissons. Nous n’avons plus notre visage d’hier et nous aurons bientôt notre visage de demain. Chaque jour nous apporte une joie ou un chagrin, et nous changeons, et nos yeux voient différemment, parce que les événements modifient malgré nous notre âme, nos illusions, notre vie…

Une chose nous reste, le rire. Après avoir ri petit enfant, parce que vous avez appris par la bouche du conseil que vous aviez l’air d’une grenouille ou d’un crapaud, vous riez encore aujourd’hui pour un rien, et aux éclats, même quand au fond vous êtes encore triste…

Vous n’êtes ni sans-cœur, ni fou. Non, le rire, c’est un tonique, c’est une grâce du bon Dieu !