au couchant. Le petit village dormirait sans ces enfants, et on dirait que personne n’est là pour admirer sa beauté tranquille, et la rivière blanche bordée d’arbres nus dont les ramures sont belles quand même, toutes en petites branches noires enchevêtrées, au travers desquelles on voit l’azur !
Les glaçons bien lisses, on écrivait, de leur fine pointe, des noms sur la neige. Chaque jour de l’hiver, on en avait ainsi gravés, et le lendemain ils étaient disparus. Tout s’en va… surtout les empreintes sur la neige, qui efface tout !
Autrefois, c’était à nous ces rues désertes, c’était à nous cette neige, c’était à nous la rivière, le soleil et le ciel clair ! Tout le paysage était à nous, et il est encore à moi, puisqu’il vit tout entier dans ma mémoire, et qu’en me penchant sur mes souvenirs, j’aperçois de grandes images colorées et belles qui représentent mon village ! Je revois même, sur les bancs de neige, nos prétentieuses lettres de petits enfants, majuscules fleuries dessinées au glaçon !
XXXIV
Le matin des cendres, Mère S.-Anastasie nous faisait un long « catéchisme » sur le « memento quia pulvis es ». Nous écoutions