Aller au contenu

Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
AUTOUR DE LA MAISON

fini ». J’ai souri, songeant : « Qu’est-ce que ça fait ! » L’automne viendra. L’hiver viendra, puis tout recommencera. J’ai hâte. J’ai hâte d’avoir tout vu dans ma vie ! J’ai hâte !… Pourtant, l’heure est à l’angoisse ; les hommes se battent ; il ne faut pas penser pour avoir le courage d’être gai, en ces jours…

Les souffrances achètent les résurrections.

J’ai hâte, malgré moi, hâte de voir ce qui viendra, après ce qui est déjà venu !


VI


Dans la grande clarté du jour, sur l’étroit trottoir de bois bordé de fleurs des champs, cinq petites filles en blanc s’avancent à la file, portant dans leurs bras des bébés de porcelaine, en longues robes de baptême… Elles sont graves. Elles ont l’air de vraies mamans, tant leurs yeux sont remplis de tendresse.

On entend carillonner des clochettes aux sons clairs qui s’égrènent avec entrain. À la vieille maison, tout près, au coin du parterre, des bedeaux sonnent le baptême. Ils sont quatre bambins réjouis et roses. Tout à l’heure, ils seront parrains. En attendant… ding, ding, ding… et les clochettes vont, vont…