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AUTOUR DE LA MAISON

Dans mon cœur, j’ai conservé un sentiment de piété pour elle, — et il m’arrive de la prier…


XI


Marie et moi, nous avions chacune de soixante à quatre-vingts petites filles de papier, et cela ne faisait qu’une seule famille. Nous demandions des cahiers de modes pour nos étrennes, et nous découpions toutes les bonnes femmes qu’ils contenaient, en robes d’été, en manteaux d’hiver, en costumes de printemps ou d’automne, avec ou sans chapeaux, en robes de matin ou d’après-midi, en toilettes de bal, en costumes de bain, en chemises de nuit ! Toutes les petites filles qui avaient l’air d’avoir le même âge étaient une seule et même petite fille qui changeait de visage quand elle changeait de robe. Les familles se composaient alors de cinq ou six filles de dix-huit à trois ou quatre ans. Nous n’avions que rarement des garçons. C’était trop tannant, et puis, à vrai dire, dans les cahiers de modes, il n’y avait presque jamais de garçons ! Nous avions parfois un bébé, — mais c’était très difficile à trouver, et comme on ne pouvait pas le changer de robe, on le faisait mourir de la rougeole, quand on était fatigué de lui voir la même jaquette et le même visage.