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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/53

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AUTOUR DE LA MAISON

de gaieté, plus de vaillance, et une force nouvelle !…


XIV


Sur la rive, la première gelée avait attendri les cenelles, et les graquias se détachaient facilement des arbustes séchés. On descendait à même la côte, en se tenant aux branches de saules et aux framboisiers, parce qu’avec l’erre d’aller on eût plongé dans la rivière ! Les garçons ramassaient les graquias dans leurs chapeaux de paille ; Marie et moi, dans nos tabliers blancs ! L’eau coulait à nos pieds, pailletée d’argent. La campagne était paisible et fraîche et l’on était heureux d’être chez nous, sur cette rive qui était devant la maison.

La moisson terminée, on remontait la côte, et les mottes de terre se détachaient sous nos pas et dégringolaient vers la rivière. On allait s’asseoir sur les marches de la galerie, et l’on se mettait à l’œuvre. Il y avait des graquias qui étaient déjà tout jaunes, d’autres, encore verts, avaient à leur tête la petite touffe duvetée et violette. Marie et moi, nous faisions des paniers à anse pour envoyer nos poupées au marché. Côte à côte, les graquias unissaient leurs piquants. Nous choisissions les plus beaux pour le fond, en met-