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AUTOUR DE LA MAISON

naient pas quand on les appelait. Au contraire, ils se sauvaient à l’autre bout du pacage, en se tassant comme des sardines. Qu’ils étaient loin de ressembler aux jolis agneaux du bon Pasteur sur les images que Mère S.-Anastasie nous donnait ! et aux petits moutons de l’Enfant Jésus de Noel !

Je me sauvai brusquement sans attendre qu’elle me reconduisît, la vilaine menteuse qui m’en avait tant fait accroire ! La route s’obscurcissait sous le ciel gris. Le vent s’élevait, les feuilles des saules s’en allaient au vol se noyer dans la rivière. J’étais triste. Est-ce que j’aurais dit, moi, à cette petite fille, que j’avais un poêle extraordinaire, si j’avais eu seulement cette affaire de fer-blanc, comme il y en avait à tous les vitraux des magasins du village ? Je lui en voulais de m’avoir trompée et je souffrais.

Si j’avais raconté cela à cette bonne Mère S.-Anastasie, elle m’eût sûrement dit : « Voilà, ma petite, le plaisir que l’on gagne à écouter les enfants qui babillent en classe, malgré la défense de leurs maîtresses ! »


XX


C’était une vieille maison, en pierres des champs, qui regardait la rivière. Elle finissait la rue, qui aboutissait au chemin du bord