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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/84

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AUTOUR DE LA MAISON

Vite les chaises sont placées le long du mur et maman nous met en rang, les quatre à la file, nous tenant par une queue de tablier ou de gilet. Nous allons courir la souris grise. La lampe d’au-dessus de la table jette un cercle de lumière. Le poêle chauffe et lance, par ses vitres de mica, des lueurs rouges. Les coins sont pleins d’ombre. Maman, tout en voyant au souper, commence à chanter :

« Enfin, nous te tenons, petite souris grise », — et l’on trotte, un pas sur chaque syllabe, en tournant autour de la table…

« Enfin, nous te tenons, et nous te garderons ! » — et l’on trotte deux pas sur chaque syllabe. Le galop augmente, devient frénétique ; un claquement de petits pieds sur les planches dures, pendant que maman continue plus rapidement :

Tu nous as dérobé notre bon déjeûner…
Enfin, nous te tenons, petite souris grise,
Enfin, nous te tenons, et nous te mangerons,
Et nous te mangerons !

Et les petits enfants courent silencieusement autour de la table ronde, émus de sympathie pour la petite souris grise, qu’ils représentent…

Y avait-il des couplets ? Comment s’y est-elle prise, la petite souris, pour voler le