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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/91

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AUTOUR DE LA MAISON

Nous arrivions, nos sacs en bandoulière, échappant les portes qui claquaient, et nous commencions tout de suite à nous promener dans la grande allée. La chapelle était presque vide. De place en place, une vieille femme, un prêtre malade et une orpheline priaient. Tout était calme et pieux, et nous admirions beaucoup les fleurs de papier, dans les vases en verre de couleur qui ornaient l’autel…

Tant de dévotion et d’obéissance devait finir bruyamment. Nous sortions de là en glissant à cheval sur le bras de l’escalier, et en faisant du tapage. Nos privations étaient terminées. Nous avions assez « habillé » le petit Jésus pour ce jour-là. Nous discutions en nous obstinant. Marie disait : « Moi, je lui ai gagné un beau gros confortable, » et je lui rétorquais qu’il ne devait pas être si gros que ça, son confortable, parce qu’elle avait pouffé de rire deux fois pendant la grammaire et que Mère lui avait fait baiser son pouce !

Nous courions jusqu’au coin rond, pour regarder les champs de neige, la rivière gelée, et les carrioles qui traversaient de l’autre côté, dans le chemin bordé de balises en égrenant les sons clairs de leurs grelots.

Nous demandions l’une et l’autre : « Sais-tu ce que j’ai pour mes étrennes ? » et, mutuelle-