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Devant des fleurs

Un peu de chaleur est revenue. J’ai remis ce matin mes bas clairs et blancs, ma robe de piqué ; près de moi pose ma raquette attendant que tout à l’heure nous nous en allions, l’une portant l’autre, jouer à l’excitant jeu favori. Dieu, que c’est bon ces jours d’été qui reviennent, ces jours éphémères et fugitifs, hélas ! puisqu’ils passeront aussi vite que passent des fleurs !…

Des fleurs !… J’en ai devant moi dans un petit vase simple ; de modestes reines-marguerites, dernière floraison des jardins que la gelée va meurtrir ; retardataires, elles annoncent l’automne. Les lilas et les tulipes annonçaient le printemps ; les roses et les lis, l’été. Où sont allés tous leurs parfums exquis ? Mes reines-marguerites échevelées n’embaument pas.

Si modestes qu’elles soient, elles sont belles… J’en ai trois roses et trois blanches. Les roses, foncées, me plairaient mieux d’une couleur atténuée ; cependant, à mesure que, vieillissant, elles s’ouvrent, elles laissent voir que leur cœur est en nuances plus tendres, adorablement douces à l’œil. Et, au moindre choc d’une main sur le meuble où elles vivent leurs heures dernières,