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COULEUR DU TEMPS

et d’invention, et je les cite à l’ordre du jour. À l’été, tous les soirs, après le travail, ces jeunes hommes quitteront la petite ville pour gagner leur maison de campagne, — une villa, s’il vous plaît, comme leur auto est un char ! — à une demi-heure en longeant le fleuve. Leur machine va petit train ; ils auront le plaisir d’admirer la route, chemin faisant. Ils seront heureux autant que des pachas, et ils riront mille fois plus que des pachas, parce qu’ils n’auront pas l’embarras des laquais en livrée, et qu’ils auront le sorcier dans le corps, comme ils l’avaient chaque fois qu’ils sont passés sous la fenêtre où je me suis laissée vivre, ces derniers jours, dans une paresse adorable, délicieuse, inaltérable !

Il n’y a que les quêteux de riches ! Et je serais curieuse de savoir si ces amis inconnus, dont le rire m’a gagnée, comprennent bien qu’ils ne jouiraient pas de meilleur cœur s’ils « roulaient carrosse » dans la plus luxueuse voiture du monde.