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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/138

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LA PLUS BELLE

bien noirs, dressés sur des récifs, semblent admirer comme nous tant de blancheur, et tant d’ailes éblouissantes. Le merveilleux, c’est aussi de voir, quand le soleil est très haut dans le ciel, passer et repasser sur le rocher blond les ombres volantes de ces immenses oiseaux qui vont et viennent en un mouvement de giration que l’on croirait perpétuel. Vous pensez naturellement que j’exagère, mais vous verrez…

— Nous verrons, nous verrons, c’est facile à dire, protesta Monique. Mais irons-nous jamais ?

— Monique, supplia Lucette, il faut prendre la résolution d’y aller, river ta volonté à ce désir ; et tu iras. Vouloir beaucoup une chose, c’est l’obtenir. Ainsi, je commence à vouloir un voyage en France.

— Tu iras. Toi, tu obtiens tout ce que tu désires. Une fée a béni ton berceau.

— Mais si tu trouves auparavant le mari de tes rêves ? Les jeunes gens pourront maintenant faire des projets. Et gare l’amour !

— Oui, comment pouvions-nous être gaies, insouciantes, rire quand nos frères étaient menacés ? La nature humaine, moi, je ne la comprends pas, acheva Claire, et la vie non plus ; au fond, je ne comprends rien et je ne me résigne pas à la pensée de toujours souffrir.