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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/139

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CHOSE DU MONDE
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— Pourquoi Dieu nous a-t-il créées et mises au monde ? demanda vivement Nicole.

Et soudain jeunes et rieuses comme au couvent, elles déclamèrent :

— Pour L’aimer, Le servir en ce monde, et pour être heureux avec lui dans le Ciel pendant l’Éternité.

Claire protestait :

— Un peu moins de douleurs n’aurait fait de tort à personne.

— Les douleurs sont venues à la suite du désordre, des péchés, reprit la docte Nicole.

— Et la mort, ajouta Monique attristée.

Il y eut un silence.

Monique avait peu changé. Un peu plus belle, peut-être, et toujours débordante de vie. Son teint laiteux et rose, ses grands yeux bleus et sa jeune fraîcheur de blonde, le noir de son deuil les mettait en relief. Et avec ses amies elle ne pouvait demeurer longtemps mélancolique. L’état d’âme couventin ressuscitait. Il fallait rire. Et puis, vingt ans, c’est vingt ans. La vie est là avec ses grâces aussi bien qu’avec ses douleurs. Monique a dû accepter la douleur inévitable, mais elle n’a pas cessé d’espérer la joie.

— C’est égal, dit-elle, tu es heureuse, toi, Lucette, tu es la plus heureuse.