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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/140

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LA PLUS BELLE

— Ah ! tu crois le bonheur aussi simple ?…

Un moment, dans la pensée de Lucette se filme l’aventure où vient de s’engager sa jeunesse. Elle aime Jean. C’est grave, si grave qu’elle ne veut pas, ne peut pas en parler, et bien moins en rire. C’est à la fois un enchantement et une cruauté.

— N’as-tu plus aucun paysage de Percé à nous décrire ? Tu décrivais si bien. Poupon Rose reconnaîtrait sa méthode…

Et Claire réclamait :

— J’ai besoin d’émerveillements et qu’on excite en moi le goût des départs pour les beaux pays que je ne connais pas !

— Pourquoi ?

— Mon secret. Ma vie a son secret, mon âme a son mystère.

— Un amour éternel ?

— Tu n’y es pas. Tu ne brûles pas, mais pas du tout.

— Allons, Claire, dis-nous vite ton secret.

— Ah ! non ! par exemple. Si un jour vous le connaissez, c’est que vous l’aurez deviné.

— Et tu oses m’appeler la mystérieuse Nicole ?

— Et n’es-tu pas la mystérieuse Nicole ?

— Te rend-il heureuse, au moins, ton secret ?

— Énormément. Mais ce bonheur ne ressemble pas à ce que l’on appelle d’ordinaire le bonheur.