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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/141

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CHOSE DU MONDE
[ 139 ]

— Ah ! Qu’est-ce après tout, le bonheur ? Je voudrais bien le savoir, moi, soupira Monique. S’il existe, c’est à vingt ans qu’on devrait le tenir. Je l’attends, les yeux, la bouche, les bras béants ! Nicole en riant protesta :

— Mais le bonheur, ma pauvre Monique, n’est pas un état stationnaire, ce n’est rien de permanent, de palpable, de solide. C’est fluide, fugace, plutôt ! Ah ! J’ai enfin réussi à placer ce mot que j’adore…

— Moi, gronda Monique, c’est le bonheur que j’adorerais. Où est-il ? Où donc est-il ? Je ne le vois nulle part. Et pourtant en moi, cette soif dévorante que j’en ai !

— Moi aussi, ajouta Claire.

Alors, au grand ébahissement des trois autres, l’optimiste Lucette déclara :

— Le bonheur, mes amies, il n’existe pas.

Elle l’affirmait avec un sourire complexe qui contrastait avec sa figure ronde et enfantine, ordinairement si joyeuse…

— Il n’existe pas ! oh ! la ! la ! Elle sera la première à l’atteindre, à l’étaler sous nos yeux envieux, le bonheur…

— Il n’existe pas en ce bas monde, continua Lucette.

— Elle a raison, en somme, approuva Nicole.

Claire et Monique protestèrent.