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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/143

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CHOSE DU MONDE
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que ma science de trop récente date peut découvrir. Et je n’y crois pas beaucoup.

— N’empêche, dit Monique, les yeux baissés sur sa propre tasse maintenant vide, ses cils longs et noirs palpitants, n’empêche, que je voudrais bien connaître l’avenir, tout de suite savoir ce que je ferai plus tard…

— Moi aussi, dit Claire.

Les autres furent surprises, car, ordinairement, Claire ne semblait jamais rien attendre de l’avenir.

Elle répéta pourtant :

— Je voudrais aussi savoir ce que je deviendrai.

— Moi, je n’y tiens pas, déclara Nicole. Le présent me suffit amplement.

Le doux, l’étrange, l’étonnant présent. Il n’était pas nécessaire que ce présent l’amène à l’avenir convoité par les autres.

— Ce n’est pas sage, mes amies, paraît-il, de désirer connaître l’avenir, continua-t-elle, étant donné que…

— Le bonheur n’existe pas, répéta Lucette obstinée.

— Tu prétends qu’il n’existe pas et tu le cherches dans ta tasse de thé. Au fait, sais-tu que tu nous as parlé de Percé, sans dire un mot des gens que tu as rencontrés.

Lucette décrivit alors Pierre Frappier, sa blondeur, son cynisme. Puis, elle parla longuement