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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/162

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LA PLUS BELLE

cilement cet homme. C’est comme si vous aviez brisé une statue…

— Allons Nicole, plus de tolérance. Un grand homme est tellement plus qu’un autre exposé à la tentation.

Il employait un ton de badinage ; un sourire léger, amusé, indulgent jouait sur ses lèvres. Nicole, dans sa pureté, ne comprenait pas que l’on pût plaisanter sur un sujet aussi grave.

— Eh bien, alors, je ne souhaite plus que vous deveniez un grand homme.

— Vous préférez sacrifier ma gloire à ma vertu ?

— Oui. Je suis trop rigoriste ? Si vous saviez l’effet que me produisent ces taches mises à nu. J’en souffre comme d’une douleur physique, je désire tout sacrifier, prier Dieu pour effacer, diminuer, empêcher le mal.

Une telle ferveur marquait ses paroles qu’Alain en fut un instant tout décontenancé. Puis il dit :

— Nicole, vous ne pensez pas à devenir religieuse ? Le siècle a besoin de femmes comme vous.

— Oh ! ça, protesta tristement Nicole.

— Mais oui, vous le savez.

— Entrer en religion ? Il faudrait que je possède beaucoup de courage, mon Dieu ! Renonçer