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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/163

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CHOSE DU MONDE
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à ma liberté, ce serait déjà de la sainteté, de l’héroïsme.

— Ô sainte Nicole, priez pour moi.

— Je prie déjà. Je prie pour tout le monde. Sauf Lucette, qui aime bien la prière, mes amies me trouvent bien ennuyeuse. Pourtant la vie sans religion n’a aucun sens. Telle que je la conçois, on obtient ses bonheurs avec des prières, de bonnes actions, des pénitences, comme on prépare les malheurs avec des mauvaises actions, des déchéances, des méchancetés. Je voudrais ma route droite, toute droite. C’est téméraire, probablement. Je suis humaine comme tout le monde. Mais si je pensais qu’en vieillissant, je diminuerais moralement, je quitterais tout sans hésitation, j’entrerais tout de suite au Carmel.

— Et sans Bérénice, que deviendrais-je ?

— Vous irez, en Europe. En route, vous en rencontrerez bien d’autres.

— D’autres qui préfèrent les hommes à leur liberté ?

— Absolument, à leur liberté, aux lacs, aux bois…

Et sans transition, elle redevint une jeune fille capable de plaisanter, amoureuse de mouvement, de sport. Elle décrivit à Alain ses dernières prouesses à la Piscine. Elle avait plongé du tremplin le plus élevé.