Aller au contenu

Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHOSE DU MONDE
[ 167 ]

d’un commun accord le chemin des écoliers, errant d’une rue à l’autre.

— Vous vous êtes trompé de paroisse, ce matin, monsieur ?

— Pas du tout. Je savais très bien où je voulais aller.

Il était venu parce que Monique possédait les plus beaux yeux du monde, les cils les plus longs et les plus noirs, et qu’elle était grande, souple, amusante. Il avait rêvé d’épouser une femme de ce genre.

Maintenant, on lui avait offert, assurait-il, deux billets pour un concert de Rachmaninoff, au Saint-Denis, cet après-midi là ; il supplia Monique d’y venir avec lui.

— C’est le comble, pensa-t-elle, le voilà mélomane. Il ne lui manque donc rien.

Mais elle se sentait malgré elle exaltée et attirée, elle ne savait pas encore vers quel événement. Il commençait déjà à la dominer, à lui imposer sa volonté. Au lieu de se révolter, elle était contente, y trouvait une secrète douceur.

« Ces impressions que j’ai ressenties, la première fois que je l’ai vu, se dit-elle tout à coup, mais ce sont les impressions qu’une femme doit éprouver devant son mari, quand elle le connaît de fond en comble ! Parions que je l’épouse. »