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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/179

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CHOSE DU MONDE
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tographie paraissent dans les journaux. Sa marraine ne sait plus si elle doit la blâmer d’avoir engagé son sentiment dans une route ne débouchant nulle part. L’heureuse Lucette semble rester malgré tout l’heureuse Lucette ; elle promène son entrain de la musique à la lecture, toujours gaie, simple, enthousiaste ; elle se réjouit des moindres choses : un chapeau neuf, un cadeau, une rencontre imprévue, un beau coucher de soleil, une perspective proche ou lointaine de voyage.

Lucette a fait part à sa marraine étonnée, du respectable chiffre de ses économies, et de son projet de séjour en Europe.

Aline de Villemure admire l’ordre, le bon sens de sa filleule. Mais ni l’une ni l’autre ne prononce jamais le nom de Jean Sylvestre. La marraine n’ignore cependant pas que, malgré le tumulte de ses journées si remplies, Lucette se réserve chaque semaine le temps nécessaire à deux ou trois visites au malade.

Jean ne conseille plus à Lucette de songer à son avenir. Il l’admire d’édifier brillamment sa carrière. Sans l’entretenir de sa propre existence à jamais mutilée, il accepte son dévouement comme une compensation. Peut-être se complaît-il dans la certitude que la vie de Lucette est meilleure, plus riche, plus agréable, que n’importe quelle vie conjugale.