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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/216

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

il dut ensuite s’éloigner, appelé à un poste plus important dans une autre ville, Lucette ne regretta que leurs parties de théâtre et leurs soirées musicales. Le domaine de Jean n’était pas envahi. Elle s’était alarmée à tort. Elle éprouva à le constater un soudain renouvellement de tendresse. Pendant quelques semaines, leurs après-midi se remplirent de l’ardeur d’autrefois. Lucette trouvait plus de choses à raconter. À son insu, lorsque Gaston lui tenait compagnie si souvent, elle s’abstenait de rendre à Jean ce compte rendu minutieux de ses actes, auquel elle l’avait habitué. Sans rien avoir à cacher, elle était ainsi plus certaine de ne point attrister le malade.

L’été revint.

Depuis sept ans, Lucette passait ses vacances à Percé. Autrefois, elle avait quitté Jean le cœur gros ; elle aurait volontiers renoncé aux beaux paysages pour souffrir en ville avec lui. Mais comment braver sa marraine à ce point ?

Au départ du train, elle constatait que l’habitude atténuait maintenant son chagrin. Lucette disait : « Je m’ennuierai de vous, je penserai à vous. Nul plus que vous n’aimerait ce beau pays ». Et elle s’apitoyait sur le sort de Jean. Il