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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/219

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XX


— Je me demande si Claire sera la même…

— Non, sûrement, affirme Lucette. Ses lettres indiquent un nouvel état d’esprit. Il me semble qu’elle ne comprendra plus notre simplicité. T’écrit-elle souvent ?

— Non. Et jamais plus d’une toute petite page.

— Elle ne me semble pas heureuse malgré ses succès ; elle assombrit son humeur de regrets stériles ; elle s’imagine laisser fuir sa jeunesse sans goûter à l’essentiel, l’amour. Elle n’aime personne et personne ne l’aime, paraît-il. Elle fréquente un milieu où les gens vivent en dehors des conventions et apparemment ne s’en portent pas plus mal. Sa foi s’affaiblit, des doutes la tourmentent, son esprit perd un peu d’équilibre. On lui répète que, pour écrire une œuvre vraiment humaine, il lui faut des expériences et connaître la vie. Et par connaître la vie, ceux dont elle reçoit les conseils entendent l’amour libre. Alors Claire a toujours aimé à se révolter ; au lieu de gémir comme autrefois des diverses cruautés de l’existence, elle se révolte contre l’éducation qu’elle a