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LE NOM DANS LE BRONZE

de marcher ensemble. Personne ne paraissait y trouver à redire.

D’une famille anglaise, noyée avec quelques autres dans une population entièrement canadienne-française, Steven Bayle avait été l’ami d’enfance de tous les jeunes gens de son âge. Leurs souvenirs étaient les siens et il partageait maintenant leurs sports, leur vie sociale. Le plus souvent, on paraissait oublier sa nationalité. Il parlait un français qui n’était pas parfait, mais dont l’accent savoureux ajoutait à son originalité. Beaucoup de ses compagnons ne l’avaient jamais entendu parler sa langue maternelle.

Limité à quelques pratiques religieuses très intermittentes, son protestantisme pouvait aussi passer inaperçu. Il fallait un effort de pensée, pour imaginer le jeune homme entrant dans le petit temple presbytérien de l’endroit. On croyait vaguement que les influences catholiques du milieu avaient anémié ses croyances ; que celles-ci, leur force active perdue, seraient facilement renversées. Il connaissait de plus toutes les coutumes catholiques, les jours de jeûne, les fêtes, et ne commettait jamais d’erreur sous ce