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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/101

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TÊTES ET FIGURES

éteindre la flamme du pur amour qui pouvait les distinguer de l’animal. S’ils continuaient à rester l’opprobre de leur création, un outrage à l’Éternelle Lumière, encore une fois, que ferais-tu ?

Loin d’avoir été dictée par un mouvement de fantaisie, cette création, ô Speranza, si j’en avais été capable, aurait été une œuvre d’amour, un acte d’hommage envers l’Éternelle Beauté. Je garderais l’espoir, tant que du sein de cette multitude infortunée, du fond de cet abîme de ténèbres opaques, se manifesterait une prière vraie, un acte d’adoration pure, envers le Saint des saints. Quant à tout détruire, eh bien !… non, en vérité, je ne le pourrais pas. Plutôt souffrir toutes les ignominies comme expiation pour tous, pour l’amour d’une seule, rien que d’une seule créature fidèle, que de tout vouer au néant ! Je compterais toujours que ces créatures finiraient par s’orienter dans le droit chemin. Je travaillerais à leur donner l’intelligence des âpres et saines jouissances de l’abnégation et du renoncement.

Je leur apprendrais les satisfactions inexprimables de la sagesse, le bonheur de la pureté, les extases de la foi dans l’immortalité de l’âme.

Et s’il le fallait…

— Irais-tu, interrompit Speranza, jusqu’au sacrifice de ta vie ?