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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/147

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TÊTES ET FIGURES

ment, il eut un lapsus linguae et faillit manquer à sa promesse.

Voyant tout à coup l’aïeule le regarder et se mettre un doigt sur les lèvres, il s’arrêta tout court. Puis, allant trouver la vieille, il lui dit tout fort à l’oreille.

— Je l’ai pas dit… je le dirai pas.

Le secret se trouvant ainsi parfaitement assuré, l’incident ne provoqua heureusement aucune demande d’explications, et le petit reprit chaleureusement son récit.

L’enfant dépassait d’à peine quelques semaines la quatrième année de son âge. Très éveillé, comme on a dû le constater, n’appartenant pas à la catégorie des enfants sages, ainsi que l’avait dit l’aïeule au monsieur du parc, il allait à l’école, une petite école du voisinage, située à une encoignure de rues. Le magister n’était pas précisément ce que l’on appelle un savant, un puits de science pédagogique, ce qu’il aurait dû être pour logiquement diriger les petits bonshommes de son école. Il n’était pas même un vieux routier de l’existence. Célibataire bien avancé en âge, il ne pouvait donc avoir acquis l’expérience de l’enfance dans la famille. Affublé d’une longue houppelande à ramages pittoresques, il portait une prétentieuse férule dont il ne privait pas les marmots sous sa direction… C’était, suivant lui, le meilleur moyen à employer pour faire entrer la science