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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/159

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TÊTES ET FIGURES

Le Château-Frontenac participait aussi à cette illumination féerique. À droite, la citadelle campée sur le promontoire géant, estompait de sa masse imposante le ciel bleu. À gauche, les Laurentides, offrant toutes les nuances de l’émeraude, décrivaient sur la voûte azurée leurs crêtes paraboliques, en allant se fondre, à la limite de l’horizon, dans les flancs du Cap Tourmente.

En bas, entre les deux rives, le grand fleuve roulait paisiblement ses eaux profondes, se déployant comme un large ruban nuancé d’azur et d’argent, baignant toute la grève de Beauport jusqu’à la chute Montmorency, et allant de ses deux bras donner comme une étreinte amoureuse à l’île de Bacchus.

Tout-à-coup, une carène énorme parut au tournant de la pointe Saint-Joseph ; c’était celle d’un vaisseau océanique, véritable léviathan, qui entrait dans le port.

Les promeneurs avaient déjà depuis quelque temps cessé de faire les cents pas, et, pour la plupart, accoudés à la balustrade, ou occupant des banquettes, étaient tombés en admiration devant le spectacle. L’apparition du vaisseau provoqua une diversion dans les groupes.

Le soleil descendait toujours. Bientôt, il plongea à demi sous la ligne de l’horizon, avec, comme escorte, un groupe de petits nuages folâtres, dorés et empourprés. Deux ou trois