Aller au contenu

Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
TÊTES ET FIGURES

fini par l’emporter. Cette grave question réglée, ils s’étaient laissés aller chacun à leurs rêveries sur les jouissances du métier, surtout sur l’excellence de la boustifaille, aux dépens d’autrui.

Dans un coin de l’escalier de pierre de la résidence, on pouvait distinguer un petit paquet blanc qui avait dû nécessairement échapper aux regards de gens aussi importants que les deux cochers.

Soudain, la porte d’entrée, aux vitres de couleur, s’ouvrit. Un jet de lumière vint éclairer et le trottoir et la rue pleine de brume. Une dame d’un certain âge, richement vêtue, à la chevelure argentée et parsemée de diamants, parut. Elle descendit sur le trottoir en répandant autour d’elle une forte odeur de violette et de patchouli. Elle était suivie d’une jeune fille au nez retroussé, à la désinvolture d’une soubrette. Relevant ses jupes, elle se mit à regarder le trottoir d’un air dégoûté, paraissant fort contrariée d’avoir à mettre le pied sur autre chose qu’un gobelin.

Au moment où ces dames s’approchaient de la voiture, le petit paquet blotti dans l’angle de l’escalier, donna signe de vie, et une femme aux cheveux en désordre et aux yeux hagards, sortit de l’obscurité.

— Milady, gémit-elle d’une voix tremblante en s’avançant vers la dame aux cheveux grison-