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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/207

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TÊTES ET FIGURES

nants, milady, quelque chose, s’il vous plaît, pour l’amour de Dieu…

Milady se détourna et se mit à toiser la mendiante d’un air hautain ; puis, haussant les épaules, elle ramassa ses jupes et disparut dans l’intérieur du brougham, non sans répandre encore derrière elle un parfum de violette et de patchouli. La mendiante se tourna alors du côté de la jeune fille :

— Pitié, dit-elle, ayez pitié de moi ! Donnez-moi la moindre chose, un rien, et Dieu vous bénira ! Vous êtes riche et heureuse, et moi je n’ai pas même de quoi manger. Rien qu’un penny, s’il vous plaît, pour bébé, ce pauvre bébé.

Ce disant, elle fit un mouvement pour entr’ouvrir son châle et montrer la petite créature qu’elle tenait dans ses bras ; mais l’air dur et glacial de la jeune fille la cloua sur place.

— Allez-vous-en, lui répliqua brutalement celle-ci ! Laissez-moi cet escalier ; vous n’avez pas d’affaire ici !… Vite ! filez de suite, autrement, je vais dire au domestique d’appeler la police !

Et comme elle s’installait dans le brougham à côté de sa mère — car cette vieille dame était sa mère — :

— Howard, s’écria-t-elle avec mauvaise humeur, pourquoi laissez-vous ces sales men-