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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/215

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TÊTES ET FIGURES

dame qui a perdu son enfant. Du fond du cœur, je la bénis, mais ma bénédiction ne vaut pas grand’chose. Ah ! et, à nouveau, elle se mit à contempler la Vierge dans sa sereine et radieuse attitude, ça me fait l’effet comme si vous m’aviez comprise, mais je n’y crois pas. Peu importe, je vous ai dit tout de même tout ce que je voulais vous dire pour le moment. »

Son étrange supplique ou plutôt son étrange apostrophe terminée, elle repartit. Les lourdes portes de l’église roulèrent sur leurs gonds, en se refermant bruyamment derrière elle, au moment où elle franchissait le seuil et redescendait dans la boue de la rue.

La pluie tombait toujours, fine, froide, pénétrante.

Mais la pièce d’argent qu’elle possédait maintenant, constituait un talisman contre les intempéries du dehors ; elle continua de cheminer jusqu’au moment où elle arriva à un débit de lait d’apparence assez propre ; pour quatre sous elle put faire remplir de lait le biberon déjà depuis longtemps à sec ; mais, pour elle-même, elle n’acheta rien. Elle n’avait pas pris une bouchée de la journée et elle ne se sentait pas le courage de manger quoi que ce fût.