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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/230

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TÊTES ET FIGURES

Derechef, Jim devint tout pensif. Retirant le brin de paille de ses dents :

— T’as eu ben d’l’expérience, Lise, dit-il, avec un geste qu’il essaya de rendre expressif. Mais t’as donc pas jamais rencontré un homme comme t’aurais voulu ?

Lise sursauta, et ses prunelles s’allumèrent.

— Un homme ! exclama-t-elle avec une expression de souverain mépris, un homme ! Je n’ai jamais rencontré d’hommes ; mais, des brutes, oui !

Jim ouvrit de grands yeux, et resta muet ; la réplique ne lui venait pas.

Lise repartit tout aussitôt d’une voix qui se fit plus douce :

— Savez-vous, Jim, que je suis entrée dans une grande église aujourd’hui ?

— Ça, c’est d’la malchance, grommela Jim sentencieusement. L’église, hum ! ça n’est pas d’grand service, autant que j’peux voir.

— Il y avait là, Jim, reprit vivement Lise, une statue, une statue de femme qui portait un bébé, et des gens qui se mettaient à genoux devant. Qu’est-ce que vous pensez que ça pouvait être ?

— Peux pas dire, articula Jim interloqué. Es-tu ben sûre que c’était une église ? C’était p’tête ben un musée.

— Non, non, rétorqua Lise, c’était une église, une vraie église, avec des gens qui priaient.