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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/241

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TÊTES ET FIGURES

Le corps du pauvre petit commençait déjà à prendre la rigidité de la mort. Depuis plus de deux heures déjà, il était cadavre.

L’agent de police, pris d’un accès de toux nerveuse, du revers de son gant s’essuya les yeux. Il était bien, il est vrai, émissaire de la justice, mais il était homme de cœur avant tout. Il pensa à sa jeune épouse à la maison, et au bébé aux joues roses pendu à son cou, au bébé qui l’accueillait avec tant de transports de joie, chaque fois qu’il le revoyait.

— Écoutez-moi, dit-il, du ton le plus sympathique en mettant la main sur l’épaule de la jeune femme, au moment où celle-ci, tremblante, affolée, se laissait choir sur la dalle en jetant un regard de désespoir sur la figure mate et blanche comme la cire de l’enfant, inutile de se désespérer comme ça !

Il s’arrêta. Il sentait quelque chose qui lui montait à la gorge, et il se reprit à tousser bruyamment pour s’en débarrasser.

— La pauvre petite créature est partie, continua-t-il, il n’y a pas de remède à ça. L’autre monde, vous savez, ça vaut bien mieux que celui-ci… Il fit une nouvelle pause…

— Là ! Là ! faut pas s’émouvoir tant que ça, fit-il, en entendant Lise affaissée, désolée, pousser des gémissements tellement navrants que son cœur d’honnête homme en fut tout