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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/80

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TÊTES ET FIGURES

le mal que l’on pense et l’on dit de toi, si tu fais le bien !

L’homme resta silencieux et absorbé dans une mélancolie profonde ; sa confiance dans l’ange graduellement s’évanouissait. L’injustice et la méchanceté du monde le désorientaient, et l’esprit divin qui l’animait n’était plus assez fort pour lutter contre cette torture sans trêve ni merci. Il se sentit las ; le découragement s’empara de son âme ; sa mission finit par lui paraître insensée, par lui donner l’impression d’une lubie dont il fallait à tout prix se débarrasser.

Et l’ange, témoin de toute cette faiblesse, et sachant bien que la tentation est nécessaire à l’homme pour qu’il donne sa mesure, poussa un profond soupir, et se prit à trembler de tout son être pour l’avenir de cette âme en désarroi. Cependant, il se renferma dans le silence, et continua de remplir son rôle de gardien patient et fidèle.

L’esprit de Dieu qui soutenait l’homme, prit finalement son vol ; et, à sa place, les passions de toutes sortes s’emparèrent de lui : ambitions mondaines, soif d’or, de pouvoir et de renommée, orgueil suprême. Son éloquence, sa plume, il les consacra, non au bien de l’humanité, mais à sa propre glorification.