Je l’ai observé depuis longtemps : tout ce qui pénètre dans l’homme, se comporte dans la suite très prochaine comme il plaît aux destins. On dirait que l’isthme du gosier est le seuil de nécessités capricieuses et du mystère organisé. Là, cesse la volonté, et l’empire certain de la connaissance. C’est pourquoi j’ai renoncé, dans l’exercice de mon art, à toutes ces drogues inconstantes que le commun des médecins imposent à la diversité de leurs malades ; et je m’en tiens étroitement à des remèdes évidents, conjugués un contre un par leur nature.
Quels remèdes ?
Il y en a huit : le chaud, le froid ; l’abstinence et son contraire ; l’air et l’eau ; le repos et le mouvement. C’est tout.
Mais pour l’âme, il n’y en a que deux, Éryximaque.
Lesquels donc ?
La vérité et le mensonge.
Comment cela ?
Ne sont-ils pas entre eux comme la veille et le sommeil ? Ne cherches-tu pas le réveil et la netteté de la lumière, quand un mauvais rêve te travaille ? Ne sommes-nous pas ressuscités par le soleil en personne, et fortifiés par la présence des corps solides ? — Mais, en revanche, n’est-ce point au sommeil et aux songes, que nous demandons de dissoudre les ennuis, et de suspendre les peines qui nous poursuivent dans le monde du jour ? Et donc, nous fuyons de l’un dans l’autre, invoquant le jour au milieu de la nuit ; implorant, au contraire, les ténèbres, pendant que nous