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oral comme dans l’examen écrit, des juges cotent plus haut et d’autres plus bas. Ici encore, un candidat peut être refusé salle A, qui aurait été reçu en face, salle B. C’est le palier qui fait la différence.

Les personnes qui ont déposé devant la Commission d’enquête ne se sont pas d’ailleurs montrées beaucoup plus indulgentes, bien que n’ayant en aucune façon participé à la confection des programmes. Voici quelques extraits de leurs dépositions.

Le gros événement que j’aperçois dans le baccalauréat, c’est que cet examen donne, non pas le maximum de la constatation des efforts faits par l’enfant, mais tout au contraire un minimum accidentel, tiré en quelque sorte à la loterie, sur deux ou trois points déterminés.

La part de chance y est tout à fait excessive[1].

Bien entendu les élèves sont fixés sur ce point et ont recours à tous les moyens capables de fixer la chance. Recommandations par des gens influents, sans parler de la fraude.

Dois-je ajouter, enfin qu’un trop grand nombre de candidats ont recours à la fraude ? Certainement l’examen, comme il est pratiqué, est démoralisateur[2].

Ce que les élèves étudient spécialement, ce sont les réponses chères au professeur. Devant tel examinateur, on doit assurer que Marat était un grand homme, et devant tel autre examinateur déclarer qu’il n’était qu’un immonde gredin. Toute erreur de doctrine est fatale au candidat.

Il y a des candidats qui étudient surtout les examinateurs, qui relèvent les questions posées par tel ou tel, répétées d’années en années, et qui ne se préparent que pour ces questions.

Un professeur de Faculté voulait toujours qu’on lui parlât des cinq périodes du génie de Corneille ; les élèves connaissaient sa

  1. Enquête, t. II, p. 676. R. Poincaré, ancien ministre de l’Instruction publique.
  2. Enquête, t. I, p. 40. Lavisse, professeur à la Sorbonne.