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Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/192

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Et c’est pourquoi nos jeunes gens sont aujourd’hui soutenus beaucoup moins par leur volonté propre que par le cadre dans lequel ils sont placés. Et ce cadre n’est pas celui qui convient à notre société démocratique.

La principale préoccupation des parents, c’est de maintenir les enfants dans ce cadre le plus qu’ils peuvent, et de les soustraire aux nécessités de la lutte pour l’existence. Ils ne sont pas encouragés au travail.

C’est aux parents que j’impute la plus grande partie des erreurs actuelles de notre enseignement ; c’est de ce côté qu’il faudrait un grand changement, c’est aux parents qu’il faut inculquer l’idée d’inspirer aux enfants plus d’ardeur pour le travail, et de les pousser un peu, leurs études une fois terminées, à voyager à l’étranger. J’ai conseillé moi-même à un certain nombre de jeunes gens des séjours à l’étranger ; j’ai été attristé de voir le peu de profit qu’ils en avaient tiré. À peine étaient-ils arrivés quelque part que leurs parents les pressaient de revenir, ou bien ils se mettaient à la recherche de jeunes gens avec qui ils pouvaient parler français[1].

L’histoire lamentable de l’essai d’enseignement moderne en France prouve mieux que tout autre la justesse de quelques-unes des propositions fondamentales de cet ouvrage et notamment celles-ci : on ne réforme pas des préjugés à coup de décrets et les programmes n’ont en eux-mêmes aucune vertu. Il n’y a pas de mauvais programmes avec de bons professeurs et pas de bons programmes avec des maîtres ignorant l’art d’enseigner.

De telles vérités ne sauraient être considérées comme banales, puisque l’Université ne les a pas encore comprises, non plus que les auteurs des divers projets de réforme.

Le mouvement vers les études scientifiques auquel nous ne pouvons pas nous résoudre, les Allemands l’ont entrepris depuis longtemps et s’y engagent de plus en plus résolument chaque jour.

  1. Enquête, t. II, p. 444. Blondet, ancien professeur à la Faculté de droit de Dijon.