Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/213

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tenir le silence dans les salles où sont enfermés les élèves.

Il ne faut certes pas médire de la discipline. C’est une des qualités du caractère la plus indispensable peut-être à acquérir. Pour apprendre à commander aux autres, il faut d’abord avoir appris à se dominer soi-même, et on n’y arrive que par la pratique de l’obéissance. Malheureusement la discipline étroite, tatillonne, formaliste, des lycées est la pire de toutes. C’est très vainement cependant que les déposants de l’enquête ont cherché les moyens de la remplacer.

Partageant une illusion trop répandue et qui montre à quel point la psychologie de l’enfance est ignorée, le Président de la Commission d’enquête, M. Ribot, a demandé si l’on ne pourrait pas « obtenir de bons résultats en s’adressant à la raison des élèves. » Il lui a été répondu de la façon suivante :

Je suis persuadé du contraire. Il faut vivre avec nos élèves pour se douter de cette difficulté ; nous ne pouvons pas attendre un résultat en nous adressant à la raison de nos élèves[1].

Ce n’est pas assurément en s’adressant à la raison de l’enfant qu’on peut le discipliner. Ceux qui connaissent sa psychologie sont fixés. Très à tort, on s’imagine que les éducateurs anglais s’adressent à la raison de leurs élèves. Ils ne s’adressent pas à leur raison, base très fragile, mais uniquement à leur intérêt, substratum fort solide sur lequel on peut bâtir avec sécurité. L’élève fait ses devoirs comme il veut et quand il veut. Il a toute liberté de circuler librement dans l’établissement. Mais si son devoir est mal fait, il le refait s’il abuse de sa liberté et

  1. Enquête, t. I, p. 419. Pequignat, répétiteur divisionnaire au lycée Henri IV.