Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/214

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commet une faute grave, il reçoit publiquement le fouet, quel que soit son âge ; s’il ne travaille pas ou ne laisse pas les autres travailler, on le renvoie. Il a donc tout intérêt à se bien conduire et il le comprend vite.

Je me hâte de répéter que le système anglais, qu’on ne cesse de nous recommander, ne vaudrait rien pour de jeunes Latins possédant à un degré très faible le sentiment de la responsabilité. Le directeur d’une grande école anglaise établie en France, à Azay, l’a indiqué dans les termes suivants, en s’adressant à un journaliste qui visitait son établissement :

– L’adolescent anglais ne ressemble pas plus à l’adolescent français que le lait au vitriol. La méthode qui profite au premier serait funeste au second. L’Anglais est raisonnable, réfléchi, assidu à son devoir. Je n’ai pas besoin de le plier à la discipline, il se l’impose à lui-même ; il sait ce qui est permis et ce qui est défendu, et jamais il n’outrepasse le règlement qui lui est très paternellement infligé. Avec le Français, il m’en faudrait un féroce ; j’aurais à réprimer des rébellions, des excès d’indépendance. Que voulez-vous, cher monsieur ? Chaque peuple a ses qualités et ses défauts. La jeunesse française est généreuse, mais impétueuse, ardente, impatiente du joug. Ajouterai-je qu’elle est un peu libertine ? Ses sens s’éveillent de bonne heure ; ceux de nos jeunes Anglais, assoupis par de violents exercices, s’usent aux fatigues de tennis, du foot-ball, du polo.

Ces réflexions sont fort justes. Les Anglais possédant en eux-mêmes par hérédité une discipline interne, aucune discipline externe ne leur est nécessaire. M. Bellessort, professeur au lycée Janson-de-Sailly, qui a beaucoup voyagé, notait ce fait fondamental dans un discours de distribution de prix :

… J’entends de tous côtés des voix qui vous exhortent à prendre modèle sur les Anglo-Saxons, et je me reprocherais de rompre, ne fût-ce qu’une minute, un si beau concert. Imitez-les