Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parfaitement. Le souci constant de ceux qui la dirigent est d’habituer l’enfant à distinguer lui-même le bien et le mal et à savoir se décider tout seul, alors que nous ne lui apprenons qu’à se laisser conduire[1]. Il faut avoir observé de près deux enfants, l’un français et l’autre anglais, du même âge, en présence d’une difficulté, les irrésolutions du premier, la décision du second, pour comprendre la différence de résultats des deux éducations.

Un des plus puissants facteurs de l’éducation morale est le milieu. Les suggestions engendrées par le milieu jouent un rôle tout à fait prépondérant dans l’éducation de l’enfant. Sa tendance à l’imitation étant inconsciente se trouve par cela même très forte. C’est d’après la conduite des êtres qui l’entourent que se forment ses règles instinctives de conduite et que se crée son idéal. « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es », est un de nos plus sages proverbes. L’enfant estime ce qu’il voit estimé et méprise ce qu’il voit méprisé. Ces suggestions, subies d’abord, se transformeront chez lui en des réflexes qui finiront par se fixer pour la vie. De là le rôle immense — utile ou funeste — des parents ou des professeurs. L’action inconsciente de l’entourage et du milieu est une des plus importantes formes de l’éducation morale.

Bien que s’occupant beaucoup de leurs enfants, les parents français sont cependant de très insuffisants moralisateurs. Ils ont trop de faiblesse pour posséder

  1. « On donne à l’enfant anglais, écrit M. Max Leclerc, confiance en lui-même en le livrant de bonne heure à ses seules forces, on fait naître le sentiment de la responsabilité en lui laissant, une fois prévenu, le choix entre le bien et le mal. S’il fait le mal, il supportera la peine de sa faute ou les conséquences de son acte… On lui inspire l’horreur du mensonge, on le croit toujours sur parole jusqu’à preuve qu’il a menti. »