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allemands, ils font des échanges avec leurs maisons de l’étranger ; ces Frères parlent toute la journée anglais ou allemand, en récréation comme en classe, et ils font chez eux ce que nous ne pouvons pas faire chez nous[1].

Telle est la très simple méthode par laquelle on apprend sûrement à un enfant quelconque à comprendre et à parler une langue étrangère sans lui imposer aucun travail. Les peuples qui ont besoin de connaître les langues étrangères, tels que les Suisses, les Hollandais, les Allemands, n’en utilisent pas d’autres, et c’est grâce en partie à la connaissance des langues ainsi acquises qu’ils envahissent de plus en plus nos marchés et nous opposent une si redoutable concurrence à l’étranger.

Le fait est trop connu pour qu’il soit utile d’y insister. Voici cependant quelques-unes des dépositions faites à ce sujet devant la Commission.

Les Allemands ont des heures de récréation, pendant lesquelles les enfants sont obligés de parler français ou anglais ; ils s’en tirent comme ils peuvent ; certaines classes sont faites entièrement en français, les questions comme les réponses. Je crois que c’est ce système vivant qu’il faut appliquer aux langues vivantes, sinon on arrivera à d’aussi misérables résultats que ceux qu’on obtient pour le grec et le latin[2].

Leur méthode (des Hollandais) est si parfaite qu’elle donne des résultats sérieux, même dans des conditions défavorables. Ç’a été pour moi une grande surprise de voir à Java des jeunes gens qui n’étaient jamais venus en Europe, qui n’avaient jamais ou presque jamais occasion de parler nos langues, et qui cependant, par la seule application des méthodes de leurs écoles, savaient parfaitement l’anglais, l’allemand et le français[3].

Il existe en Suisse des écoles pratiques — je le sais, parce que j’ai un neveu qui a été dans une de ces écoles — où, dans l’espace d’une année scolaire ou même d’un semestre, on met

  1. Enquête, t. I, p. 561. Dalimier, professeur au lycée Buffon.
  2. Enquête, t. I, p. 205. Sabatier, doyen de la Faculté de Théologie.
  3. Enquête, t. I, p. 364. Chailley-Bert, professeur à l’École des Sciences politiques.