Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/41

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librement à la balle avec leurs camarades. Si les fils de ces pères vigilants étaient soumis au régime de l’éducation anglaise, faisant leurs devoirs quand ils veulent et comme ils veulent, se livrant sans surveillance aux jeux les plus violents et les plus dangereux, sortant à leur guise, etc., les réclamations seraient unanimes. Au premier accident, les parents pousseraient d’épouvantables clameurs, et toute la presse se soulèverait avec eux. Le ministre serait immédiatement interpellé et obligé sous peine d’être renversé de rétablir les anciens règlements. J’ai connu une respectable dame qui eut une série de violentes crises de nerfs et menaça son mari de divorcer parce que ce dernier avait, sur mon conseil, proposé d’envoyer leur fils, qui venait de terminer ses études, passer ses vacances en Allemagne pour apprendre un peu l’allemand. Laisser voyager tout seul un pauvre petit garçon de dix-huit ans ! Il fallait être un père dénaturé pour concevoir un tel projet. Le père dénaturé y renonça d’ailleurs bien vite.

Et peut-être n’avait-elle pas absolument tort, la respectable dame, quand elle doutait des aptitudes de son fils à se diriger seul dans un tout petit voyage. Ne possédant ces aptitudes, ni par atavisme, ni par éducation, où les eût-il acquises ?

Si les Anglais n’ont besoin de personne pour se diriger, c’est qu’ils possèdent une discipline héréditaire interne qui leur permet de se gouverner eux-mêmes. Nul peuple n’est plus discipliné, plus respectueux des traditions et des coutumes établies.

Et c’est justement parce que les Anglais ont en eux-mêmes leur discipline qu’ils peuvent se passer