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le Président de la Commission — je veux parler de l’oubli rapide et total, quelques mois après être sortis du lycée, de tout ce que les élèves y ont appris. Ces malheureux qui, le jour de l’examen, savaient sans broncher la généalogie des Sassanides et toutes les démonstrations de la géométrie, sont incapables, au bout de quelque temps, de résoudre une règle de trois. De là le fait souvent remarqué, que dans les examens élémentaires exigés par plusieurs administrations : Postes, Douanes, Contributions, etc., les bacheliers sont fort souvent refusés, et quand ils sont reçus, classés généralement après les élèves des écoles primaires, qui ayant peu appris savent mieux ce qu’ils ont appris. Ici encore hâtons-nous de citer.

Quinze jours après l’examen, il se produit un véritable déclenchement ; les candidats ne retiennent rien, ou si peu, qu’on peut dire rien[1].

Vous savez, Messieurs, que les Facultés des sciences ont maintenant une année de préparation aux études médicales.

Eh bien, au commencement de l’année, nous sommes obligés de donner des répétitions de mathématiques à nos nouveaux élèves. Bien entendu ce n’est pas pour leur apprendre l’algèbre ou la géométrie ; non, c’est simplement pour leur rappeler les éléments de l’arithmétique la plus simple, la règle de trois, par exemple, ou la division, qu’ils ont oubliée[2].

Les meilleurs élèves, parmi les bacheliers, passent à la Faculté des lettres pour préparer leur licence ; or en ce moment on s’aperçoit qu’ils ne savent pas faire un thème. On a été obligé d’installer à la Faculté des lettres de Paris un professeur spécial, qui fait aux étudiants une classe de lycée avec des thèmes comme en quatrième.

On a constaté que nombre de nos futurs médecins, bacheliers ès sciences, ne savent faire ni une division, ni une règle de trois. On a donc été obligé de charger un des jeunes maîtres du

  1. Enquête, t. II, p. 266. Pasquier, recteur à Angers.
  2. Enquête, t. I, p. 305. Darboux, doyen de la Faculté des sciences.