Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/106

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Ce qui est rétribué surtout, ce sont des relations utiles. Un journal bien informé faisait remarquer que la plupart des individus engagés dans les finances étaient généralement d’une intelligence fort médiocre. Simples placiers d’affaires pour la plupart, les remises qu’ils obtiennent leur assurent cependant une situation brillante. Les bénéfices sont le plus souvent dans aucun rapport avec les services rendus. Un journal a signalé, sans être démenti, que chacun des douze administrateurs d’une de nos plus grandes sociétés de crédit s’attribuent aux dépens des Actionnaires un traitement annuel d’environ 300.000 francs pour un travail à peu près nul. Des faits analogues justifient certaines diatribes des socialistes. On ne peut les défendre qu’en les reconnaissant inévitables.


Dans le monde antique on ne pouvait s’enrichir comme le firent les Romains, qu’en ruinant les autres. Dans les temps modernes il est difficile de s’enrichir sans enrichir en même temps les autres. C’est ce qu’a très bien résumé monsieur d’Avenel dans les lignes suivantes :

On s’enrichissait aux temps féodaux par la guerre privée, en ruinant ses voisins. Plus tard par l’usure publique, en s’appropriant les fonds de l’État. On s’enrichit aux temps actuels en enrichissant ses voisins et l’État.

La richesse nouvellement conquise n’est point dérobée au peuple, ni obtenue du roi, mais bien créée, tirée du néant par la science, et cette conquête individuelle de quelques-uns est accompagnée d’un gain collectif de tous, d’un gain vraiment social.


Donc, les civilisations du type moderne créées par des élites, ne peuvent vivre et évoluer que par elles. Cette première constatation était nécessaire pour comprendre le problème auquel j’ai fait allusion en commençant. Ce problème, le voici :

Tandis que les progrès scientifiques amenaient les élites de mentalité supérieure à diriger le mécanisme de la vie moderne, les progrès des idées politiques conféraient de plus en plus à des foules de mentalité inférieure le droit de gouverner et de se livrer par l’intermédiaire de leurs représentants aux plus dangereuses fantaisies.

Sans doute, si la foule choisissait pour conductrices les élites qui mènent la civilisation, le problème actuel