Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/186

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révoltés contre leurs lois sont condamnés à subir bientôt les fantaisies des despotes que le désordre fait invariablement surgir, et finalement les invasions. C’est pour ne l’avoir pas compris que de grandes nations ont péri, que la Grèce, flambeau du monde antique, fut réduite en esclavage et que la Pologne disparut de l’Histoire.

Le triomphe du mouvement actuel ne serait qu’une conséquence de la désagrégation mentale dont la révolte des postiers constitue un alarmant symptôme. Dans leurs meetings, on a vu ces derniers prôner l’antimilitarisme, l’antipatriotisme et l’anarchie. Leur grève, au moment même où l’affaire des Balkans paraissait devoir entraîner la France dans une guerre redoutable, prouve à quel point des syndiqués font passer de petits intérêts particuliers avant l’intérêt général. Pour eux, la patrie, c’est leur syndicat.

La lutte se dessine de plus en plus nettement entre le syndicalisme révolutionnaire et l’Étatisme collectiviste. Ces deux formes de tyrannie sont également détestables. Je crois cependant que la première serait peut-être la moins dure, parce que de petits despotismes collectifs se font équilibre et sont dès lors moins tyranniques qu’un seul despotisme collectif tel que celui rêvé par les socialistes.


Avec l’effacement progressif des caractères et l’incompréhension générale des lois naturelles, nous sommes condamnés à subir l’une ou l’autre de ces tyrannies, à moins que ces deux forces antagonistes n’arrivent à se neutraliser l’une par l’autre. Ne l’espérons pas trop.




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