Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/188

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une année après mon pronostic, le secrétaire démissionnaire de la C.G.T., monsieur Niel :

Tous nos efforts pour arrêter l’envahissement du syndicalisme par la politique ont tout bonnement abouti à ceci : c’est qu’on a fermé la porte de devant au virus socialiste pour ouvrir celle de derrière au poison anarchiste… Peu à peu, goutte à goutte, les politiciens anarchistes incorporent tout l’anarchisme au syndicalisme, à tel point qu’ils n’ont plus besoin d’employer l’expression compromettante, anarchisme, pour faire triompher leur politique anarchiste, celle plus sympathique de syndicalisme leur suffisant de plus en plus… Le syndicalisme, c’est l’anarchisme sans le mot.

Arrêtons-nous sur cette dernière définition qui synthétise fort justement le syndicalisme latin actuel : "de l’anarchisme sans le mot."

Les fondateurs du syndicalisme pacifique ont mis quelque temps à le découvrir. Les ouvriers le découvriront peut-être également et finiront par comprendre que l’anarchisme ne constitue pas une doctrine politique, mais un état mental, spécial à des variétés bien définies de dégénérés, catalogués depuis longtemps par les pathologistes. Ils s’apercevront alors que le sabotage des machines, l’incendie des usines, l’assassinat des soldats est une œuvre de demi-aliénés, ne pouvant améliorer le sort de personne.

Hallucinés par leurs impulsions morbides, les anarchistes se soucient peu d’ailleurs d’améliorer l’existence des classes ouvrières, comme réussirait à le faire un syndicalisme intelligent, celui d’Angleterre, d’Allemagne ou d’Amérique par exemple.

Une très utile leçon fut récemment donnée, sur ce sujet, aux syndicalistes français par monsieur Samuel Gompers, président de la C.G.T. américaine (American Federation of Labour). Cette association compte deux millions d’ouvriers, alors que la nôtre en comprend seulement 300.000. Leur richesse est considérable et ils possèdent plus de 300 journaux.

Le mépris professé par les syndicalistes américains pour les agitations stériles des syndicalistes français est visible. Ils considèrent les conceptions de ces derniers comme fort puériles.

Autrefois, est-il dit dans le discours de monsieur Gom-